World Ultraball News
C'était donc quatre heures du matin, à la fin du mois de juin. C'était l'été 106. L'été de la pluie et des chaleurs. L'été de l'abandon de Bester. Celui du scandale des rookies qui ne s'entraînaient pas, ou si peu. Celui ou Ziguinchor avait été devancé par Miami lors de la cinquième journée. C'était l'été de tous les possibles.
A Ziguinchor on croit... Et puis non. Et puis, et puis on ne sait plus. Alors la femme va jusqu'au balcon et elle regarde les oiseaux. Le vol circulaire des oiseaux blancs. Mais l'homme, lui, il revoit la victoire de Hourloup faceà Oslo. 8 à 6. Et l'homme il est inquiet, malgré la victoire. Il passe et repasse son doigt sur la pliure du drap et il le sent, deux points, seulement deux points de plus. Dehors un oiseau s'est posé sur le balcon. Mais la femme est déjà rentrée. Elle regarde l'homme qui soupire, elle dit que ce n'est pas grave. Que rien n'est fini. Que le titre est toujours possible. Mais elle voit bien que le mur d'air est trop épais et que les mots n'arrivent pas jusqu'à lui. Alors elle regarde l'oiseau sur le balcon. Et l'oiseau penche la tête, un peu, mais pas trop. Juste ce qu'il faut. Alors elle essuie la sueur sur son front et elle va se coucher près de l'homme.
A Miami ils seraient sortis. Ils auraient mangé des huîtres au restaurant, et bu du champagne, beaucoup de champagne. Pourtant les Golden Headz n'ont marqué que deux points de plus que Kilmarnock. Et l'Ecosse c'est loin. Mais peu importe, à Miami tous les prétextes sont bons. Pour faire la fête. Pour oublier. Alors deux points ou dix... Ca ne change rien. C'est pareil. C'est autant de champagne, autant d'huîtres qui glissent dans la gorge. Autant de petites pillules roses qui font danser jusqu'au bout de la nuit. Et oublier. Oublier les oiseaux blancs qui se posent sur le balcon. Qui regardent la femme. Qui lui font se poser des questions, des questions qu'elle ne veut pas entendre. Alors elle danse et elle agite ses grandes ailes mortes pour dissiper les mauvais rêves.
Mais elle n'est pas à Miami. En écoutant la respiration de l'homme, elle se dit qu'elle ira peut-être à Kolda. Ce n'est pas si loin Kolda. La semaine prochaine peut-être. Elle a entendu dire que les Aigles Rouges ont gagné leur premier match espoirs. Face aux Chicago Red Warriors. 10 à 3. Elle est plutôt contente. Oui, elle ira sûrement à Kolda dimanche. Ou samedi, avant le match. Elle se demande s'il y a des oiseaux blancs à Kolda. Elle joue avec l'idée que les aigles rouges... Mais non. Un vent frais souffle, léger, depuis la fenêtre ouverte. L'homme se retourne et la regarde. Alors elle dit, parce que le silence est trop lourd. Qu'elle ira peut-être à Kolda. Que les Aigles Rouges ont gagné. Il hoche la tête. Il ne sait pas trop quoi dire. Alors il pose la tête sur ses seins.
Et il se souvient de l'Italie. Souvent il pensait qu'il retournerait à Rome un jour. Et puis ce n'était jamais le bon jour. Peut-être que c'était mieux, que Rome ce n'était plus vraiment Rome. Peut-être que le restaurant piazza Campitelli n'existait plus. L'homme se demande si marcher le long de la Via Appia Antica, le dimanche serait aussi apaisant. Le soleil à travers les arbres. Les bicyclettes sur les pavés. La Roma avait perdu 5 à 9 face aux Guepards de Palerme. Sans doute il n'ira plus à Rome. Rome qui courbe l'échine ce n'est plus vraiment Rome. L'homme a chaud. Il n'arrive pas à dormir. Il se lève et va sur le balcon, sans regarder la femme.
Elle fait un rêve. C'est un western. Un drôle de western. Des chasseurs de prime affrontent des prisonniers. Et les oiseaux volent très haut dans le soleil du désert du Névada. Il y a beaucoup de poussière. Les hommes grimacent. Ils tombent. Ils se relèvent. Ils ont un peu de sang à la commissure des lèvres. Mais toujours ils se relèvent et ils repartent à l'assaut. Et quand la poussière se dissipe on ne compte aucun mort. La Death Valley Free Prison a battu les Huntvalley Fortune Hunter 10-0. Quelqu'un joue de l'harmonica. Elle ne sait plus si elle dort encore. Elle entend la radio sur le balcon qui annonce les résultats de la 6ème journée espoirs. Elle se lève. Elle va sur le balcon et s'assoit à côté de l'homme. Il pose l'harmonica. Il la regarde. Il dit qu'il voudrait bien venir à Kolda avec elle. Elle a hâte. Elle voudrait que la septième journée soit déjà là...
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