World Ultraball News

Bonjour, ici Hans-Werner von Karl Friedrich, en direct de Berlin-Est. Bienvenue pour ce nouveau numéro de "Enquête Exclusive en Zone Interdite" consacré cette semaines aux méthodes douteuses, voire carrément mafieuses, du recrutement dans une grande franchise d'Ultraball : les RICHTER de Berlin-Est.

Alors quand on dit Richter, on pense avant tout aux paillettes, aux spectacle. Mais les coulisses sont souvent moins roses que la réalité. Car une franchise d'Ultraball, c'est avant tout un business incroyablement rentable, et comme nous allons tenter de le découvrir, bien souvent en relation très étroite avec le Milieu. Les Richter ne font pas exception à la règle, à l'image d'un "Kolonel" Gunther au passé trouble, voire disons le tout net : louche. Blanchiement d'argent, détournement de fonds, transferts douteux, le tout sur fond d'espionnage industriel, telle est la triste réalité du sport moderne.

Notre premier sujet est consacré aux méthodes "mafieuses" du recrutement des rookies, souvent dans le seul but de recrutement une main d'oeuvre à vil prix pour les tâches ingrates, mais également pour toucher les importantes indemnitées versées aux équipes participant à la Rookie League. Nous avons suivi pendant une semaine Cédric "Innocent" Tessier, responsable du recrutement.

Journaliste : Monsieur Tessier, pouvez-vous nous décrire votre rôle ?

Innocent : Oh, c'est bien simple, je repère des jeunes gars bien costauds, et mon objectif c'est de leur arracher une signature de contrat, à n'importe quel moyen.

Journaliste : A n'importe quel moyen ? Vraiment ?

Innocent : Exactement oui. On a plusieurs techniques, en fonction de la situation. Le plus souvent, on leur fait miroiter un avenir dans le monde d'Ultraball et ça suffit, mais parfois, il faut improviser. Voilà, c'est ça mon boulot, de l'improvisation perpétuelle, c'est pour ça que c'est le plus beau métier du monde !

Journaliste : Quoi, mentir à des jeunes gens, ça vous plaît tant que ça ?

Innocent : Baaah, je leur mens pas vraiment, à la clé, ils font vraiment partie du monde d'Ultraball....Peut être pas exactement ce qu'ils croyaient, mais c'est du pareil au même. Et puis je ne force personne, jamais, non, y'a une éthique professionnelle à respecter : ne jamais arracher de signatures forcées.

Pour en avoir le coeur net, nous allons interroger un jeune homme africain qui, nous dit-il, est passé par le centre de formation Richter avant d'être débarqué un mois plus tard.

Journaliste : Bonjour, vous vous appelez Pierre-Jeanne Ngculu, vous servez actuellement à la cantine du centre de formation, est-ce que vous espériez ?

PJ Ngculu : Non monsieur, moi ce que je voulais êtes, c'est bloqueu'. Oui monsieur, un grand bloqueu' comme monsieur Tessier me l'a dit. Ca oui ça me plairait, ça oui.

Journaliste : Mais celà fait plusieurs mois, même plusieurs années que vous ne vous entraînez plus au centre de formation...

PJ Ngculu : Mais non ! Mais Monsieur Tessier me l'a expliqué, c'est mes papiers, il doit les régla...Réguri...régulariser. Oui et après, je serais recruté au club. En attendant je dois payer mon hébergement et les services qu'ils vont me rendre plus tard en travaillant pour eux.

Journaliste : Vous ne recevez donc pas de salaire pour votre travail ?!

PJ Ngculu : Ah non, ah non ! J'ai salaire quand je joue, là on m'a expliqué, c'est un service contre un service ! Ils trouvent papier à moi, et moi je sers la viande et la sauce. Avec mon amis Giovanni, on attend les papiers c'est tout.

Journaliste : Giovanni, c'est un ancien joueur du Centre ?

PJ Ngculu : Ah ça oui, Giovanni Tagliatella, mon meilleur ami, du Centre aussi. On a avenir ensemble, Monsieur Tessier nous a dit. Une sacrée brochette de nouille, comme il dit, et moi je répond que les brochettes je connais et c'est de la viande, ça je sais c'est mon travail quand même, la viande. Et Monsieur Tessier alors il rit et me tape dans le dos et dit que j'ai grand avenir.

Nous diffusons cette interview à Cédric Tessier, qui dément imméditament. Il nous affirme que Pierre-Jeanne reçoit bel et bien un salaire, à la Fondation des Jeunes du Kolonel, qui s'occupe de gérer le patrimoine des recalés du Centre de Formation, afin de payer leurs frais. En effet, les jeunes sont nourris, logés et blanchis. En outre, la Fondation paye des études aux plus méritants. Lorsqu'on lui demande pourquoi Pierre-Jeanne est persuadé qu'il rejoindra l'équipe, il reste évasif, arguant de "l'imbécilité notoire de ce grand dadai". Pour finir, il refusera catégoriquement de nous communiquer les coordonnées de la fameuse Fondation, que nous ne parviendrons pas à trouver par nous-même.

...Après la pub, nous verrons comment Cédric Tessier procède pour recrutement coute que coute de jeunes joueurs, quitte à traffiquer leur âge ou à employer des moyens à la limite de la légalité...

***Pub Pub Pub***

En caméra cachée, nous accompagnons Cédric Tessier dans un bar du quartier mal famé de la ville. Mais ce n'est pas une visite de courtoisie : le recruteur est en chasse, et ce bar représente son lieu de prédilection. A l'entrée, deux videurs, qui ne font pas d'histoire dès lors que notre "guide" leur glisse un billet. A l'intérieur, il règne une chaleur suffocante, la fumée est étouffante. Cédric se tourne vers nous.

Innocent : Là, j'ai repéré la proie ! Oui, le jeune gars costaud, seul à une table ! De la graine de champion, je vous le dit, et j'ai l'oeil !

Journaliste : Champion de quoi ?!

Innocent : Ca, j'en ai pas encore la moindre idée (rire). Bon, approchez et regardez l'artiste. Patron ! Un club soda et un whisky glace...Double, oui !

Discrètement, nous suivons Cédric jusqu'à la table de celui qu'il nomme "la proie". Il entame une conversation mais le vacarme assourdissant la rend incompréhensible.

Innocent : ...bois un verre ? ... jeune gars... boulot intéressant...Ahaha...Montre voire tes bras...impressionnant ! ... Ah, Français ?! ... verre ... rouge ?

Il se lève, et reviens deux minutes plus tard avec deux verres de vin rouge. Nous apprenons que le jeune homme est français, qu'il s'appelle Jason Gross, et qu'il rend visite à sa grand-mère berlinoise.

Innocent : Ultraball tu connais un peu ? ... ... Recherche jeunes... Profil intéressant...Cent mètre ... moins de onze secondes ? ... ... je... vois ? Ahaha... savais q...

Après une heure, le jeune homme se lève pour aller aux toilettes. Cédric en profite pour vider son verre dans le sien, et demande au patron deux bouteilles de champagne. Puis il se tourne vers nous.

Innocent : Je l'ai ferré là...Il est passionné d'ultraball mais n'ose pas encore franchir le pas. Maintenant, reste à voir ce qu'il a dans le ventre. On va provoquer une petite bagarre, et si tout se passe bien, je lui fais signer un pré-contrat. Mais chhut, il arrive.

Le petit manège de Cédric dure encore une bonne heure. Chaque fois qu'un verre est vide, il le remplit, et encourage le jeune Jason avec force claques dans le dos. Tout à coup il se lève et invective un groupe d'hommes à l'air peu engageant.

Innocent : Mon pote Jason, là ! Il vous fait votre FETE ! Skin Head de mes deux, z'avez pas plus de couilles que d'cheveux sur l'crâne !! Ouais c'est ça, tu m'fais marrer connard, approche, gonzesse !

S'en suit une bousculade générale, nous sommes pris dans un tourbillon de coups puis expulsé avec la foule par les videurs. Dehors nous retrouver Cédric et sa proie, radieux l'un comme l'autre, le nez en sang.

Jason Gross : Qu'est-ce que j'leur ai mis, mon POTE ! Hé, z'avez vu cha les mecs...! Et bing ! Et bing ! Dans les...les dents, à c'connards d'leur ... d'leur mère qui pue, hé...héhéhé...!

Innocent : Impressionant, impressionant, hahah, on va faire des affaires tous les deux...Tiens, je connais un bon médecin pour ton nez suffit de signer là...

Jason Gross : Mon nez j'm'en...J'm'en...bat la race ! Hé ! C'quoi 'près tout un pif ?! C'qu'une 'spèce de grosse fraise toute...rouch..rouge, alors moi l'médoc, j'l'enc...

Innocent : Bon ça suffit j'te dis de signer là, tu signe ! C'est pour ton bien, merde, est-ce que j't'ai déjà menti ?

Jason Gross : Ben, t't'à l'heure t'm'as dit qu...

Innocent : Métaphoriquement, métaphoriquement, non j't'ai jamais menti...T'es comme mon frère, s'pa ? Bon alors signe ici frérot.

Jason Gross : Ouais...T'mon frèrot, alors j'signe, psk...psk...paske t'mon p'tain d'frère ! Ohé, ohé ohé...!

Innocent : Putain, l'était corriace çui là...Tiens sévère la picole l'animal. Enfin, bon, c'est dans la poche, reste plus qu'à le reconduire au Centre...

C'est ainsi que prend fin notre émission spéciale consacrée au recrutement des jeunes joueurs chez les Richter. Mais les magouilles ne s'arrêtent pas là, puisqu'après la pub, nous verrons comment les transferts de joueurs servent à blanchir de l'argent, comme lors du récent et faramineux transfert d'El Barradei.

***Pub Pub Pub***